Sorti en 2004, À Contre-jour est un album plus intense, aux multiples visages. Si l’album précédent, Automnes, baignait dans une lumière tamisée, celui-ci affronte davantage les ténèbres, la colère, la révolte — sans pour autant renoncer à la tendresse ni à la beauté. Guillaume Corpard y déploie une énergie nouvelle, mêlant guitares claires, pianos romantiques, arrangements subtils, textes sombres et lumineux à la fois. Certaines chansons sont pop, jazzy, d’autres plus progressives, avec de longues envolées instrumentales (Ta dernière compagne, Mais le crépuscule, Héros d’un jour tous les jours...). Le disque interroge la condition humaine, les doutes, les solitudes, les renaissances. Soutenu par plusieurs musiciens remarquables – dont une participation exceptionnelle du batteur André Ceccarelli – l’album connaît un très bon accueil en presse spécialisée et grand public.
🕊️ À propos de l’album
À Contre-jour est un album plus frontal, plus électrique, mais aussi plus habité par une forme de lucidité poétique. Guillaume Corpard y explore les replis de l’âme humaine avec une intensité nouvelle. Chaque chanson y est un fragment d’ombre traversé d’une ligne de lumière.
Dans Ta dernière compagne, la mort prend la parole. Cette faucheuse théâtrale et implacable, qui évoque Jésus Christ pour mieux le congédier, devient la narratrice d’un monologue grandiose, presque shakespearien. Le texte, reconnu pour sa qualité littéraire, se lit comme un poème dramatique, et la mise en musique — avec ses harmonies romantiques et son interprétation intense — transforme cette chanson en moment de scène d’une force rare. Guillaume y chante comme s’il était lui-même la grande faucheuse, avec une noirceur glacée et majestueuse.
Mais la fureur n’exclut pas l’espérance. Dans Rêves de mai, c’est l’appel du printemps intérieur qui vibre. Cette chanson puissante rend hommage à la révolte des anciens, à ceux qui se sont levés pour plus de justice, d’amour, de lumière. Elle invite à retrouver cette insoumission sacrée : celle qui pousse à refuser l’inacceptable, avec ferveur mais sans haine, en posant la main sur le cœur. Un chant de liberté, vibrant et nécessaire.
Dans L’Écrin ou Définitivement deux, c’est le couple qui est interrogé. L’amertume pointe, l’autocritique aussi. Le chanteur, jeune à l’époque, n’élude rien : ni sa propre difficulté à aimer pleinement, ni les dissonances à deux, ni la complexité de se montrer à la hauteur de l’intime. Les textes sont sobres, parfois amers, mais jamais cyniques. Il s’en dégage une honnêteté touchante.
À Contre-jour, la chanson-titre, est à la fois étrange et hypnotique. Elle évoque la lumière qui ne peut être saisie qu’en regardant l’ombre, comme une vérité cachée derrière les apparences. La phrase « Je suis de la pénombre, je ferme les yeux et je vois » résume peut-être tout le disque : c’est en plongeant dans les zones sombres que la clarté intérieure émerge.
Mais le crépuscule évoque la quête existentielle ultime. C’est l’aventure intérieure d’un homme seul, face à lui-même, face à l’impossible. Une quête poétique, désenchantée et pourtant lumineuse par son intensité. Là encore, le texte ouvre des abîmes que la musique vient adoucir, comme une caresse mélancolique.
À Contre-jour est donc un album de contraste, d’une grande cohérence émotionnelle, s’ouvrant à une ampleur presque cinématographique. Il explore la part d’ombre et la lumière dans l’âme humaine, le vacillement des liens, l’âpreté du réel – et la beauté qui surgit malgré tout.
📝 Extrait de chanson
Je n’ai pas toujours été un ange
Mais elle et moi, ce sera définitivement deux
📰 Ce qu’en dit la presse
📻 À la radio
📷 Galerie photos – À Contre-jour
🎼 Crédits
- Auteur, compositeur, arrangements : Guillaume Corpard
- Basse : Fabien Locicero
- Batterie : Julien Bonamy
- Claviers/piano : Paul Lyonnaz
- Guitares : Mikka Grytviken
- Voix, guitares, piano, claviers, basse, percussions : Guillaume Corpard
- Chant : Servane Régnault
- Piano : Martial Henzelin (Heureux)
- Guitare : Phil Figueira (Mais le crépuscule, Héros d’un jour)
- Batterie : André Ceccarelli (Encore ça qui m’amuse)
- Sortie : 2004 (Debercy / Socadisc)